samedi 9 octobre 2010

Be nice, be pretty

«  Vivement que je rentre. Je n’en peux plus d’attendre »

Laura revenait des courses avec son sac à dos rempli de tout ce dont elle avait besoin. Son ventre lui demandait de se presser un peu, beaucoup. Qu’elle est dure, la belle vie de célibat. Elle devait rentrer, préparer son dîner et terminer ce fichu dossier. Laura soupira en entendant son ventre gargouiller. Elle n’était plus très loin. Elle n’avait plus qu’à traverser le parc dans lequel elle venait de s’aventurer d’un pas décidé.
La pluie qui tombait déjà depuis un moment commençait à s’intensifier. Laura enfouit ses mains dans ses poches, le plus profondément qu’elle le pouvait. Protégée sous sa capuche, elle baissa la tête et s’avança vers la descente. Elle connaissait ce parc par cœur. Bientôt, elle arriva à l’abri. Il était en bois, plutôt petit, juste assez pour contenir un banc à vrai dire.
Laura n’avait pas l’intention d’accorder plus d’importance que d’habitude à cet abri jusqu’à ce qu’elle entende un bruit s’en échapper. La brunette fut quelque peu perturbé par l’originalité du son qu’elle n’avait pas reconnu. Elle s’arrêta juste devant l’abri et bloqua quelque secondes avant de s’y réfugier. Le bruit se répéta, il venait de sa droite. Et cette fois, elle avait reconnu. Il s’agissait d’un miaulement. Il y avait là un petit chat, plutôt chétif. Il s’agissait sans aucun doute d’un chaton. Son pelage était clair, et sa coloration rousse faisait penser à celle d’un tigre. Cependant, son état lui laissait à désirer.
Laura s’accroupit en face du chaton et l’examina d’un peu plus près. Celui-ci n’en semblait pas du tout ravi et se braqua en arrière, tendu, les oreilles dressées. Il était cependant incapable de bouger. Il ne fallut pas longtemps à Laura pour comprendre qu’il était blessé à la patte. Ni une, ni deux, elle le prit dans ses bras malgré une légère résistance et se remit précipitamment en route. Elle le protégeait du mieux qu’elle le pouvait des intempéries. Fort de cela, le chaton réticent se calma.

~

Arrivée à la maison, Laura avait construit une litière de fortune avec des draps pour Tigrou. Tigrou, c’est ainsi qu’elle l’avait nommée. Elle lui apporta un peu de lait et s’accroupit à côté de lui en le regardant boire. Le petit bandage sur sa patte l’avait calmé. Il était mignon, une fois au sec. Laura se demandait sincèrement ce qu’elle allait faire de lui. Elle ne pouvait pas le garder… Elle en avait bien envie pourtant.

« Toc toc toc »

Elle et Tigrou levèrent subitement la tête vers la porte d’entrée. Laura n’était pas habituée à recevoir de la visite dans son petit studio. Et puis quand sa famille ou un de ses amis passait, elle était toujours prévenue. C’est donc un peu surprise qu’elle ouvra la porte.

« Désolé de vous déranger, mademoiselle… »

C’était un homme grand et légèrement âgé qui lui faisait face. Il tenait un large parapluie noir de sa main gauche. Se main droite tenait celle d’une petite fille qui était sans aucun doute la sienne. A première vue, Laura lui attribuait sept ou huit printemps.  Elle tenait un bout de papier dans son autre main. Papier qu’elle déroula pour le tendre à Laura. C’était une photo de Tigrou

« Si tu l’aurais vu, tu pourrais me dire où il est s’il te plait ? »
« Si tu l’avais, corrigea le père. Et je t’ai déjà dis de dire vous aux étranger Lynda »
« Ne vous inquiétez pas Monsieur. »

La prénommée Lynda faisait sourire Laura. Pendant que son père la réprimandait, Laura était partie chercher Tigrou qu’elle tenait désormais dans ses bras face à la petite fille. Laura souriait, un sourire chaleureux et amical, comme à son habitude. Ce sourire persista lorsqu’elle vit le visage de Lynda s’illuminer. Elle lui tendit Tigrou en lui demandant comment il s’appelait en réalité

« Tigrou ! Il s’est échappé quand on allait lui prendre un bain… »

Laura était interloquée et amusée à la fois. Il fallait croire que ce chat était fait pour s’appeler Tigrou… Ou que la petite Lynda lui ressemblait. Le père n’arrêtait pas de remercier Laura, soulagé. Il lui tendit un billet. Laura qui n’avait pas perdu son sourire le refusa poliment. Pourtant, il insistait. Laura était têtue, et son refus ne changea pas. Ce dialogue de sourd aurait pu durer un long moment si la petite n’était pas intervenue.

« Mais papa, on ne paye pas les super-héroïnes »

Décidément, cette petite rappelait son enfance à Laura. Le père ne fut pas étonné de ce manque de tact, mais rangea son argent et, remerciant une dernière fois Laura, repartit avec sa fille. Laura répondit aux signes d’adieu de Lynda de la même manière et ferma la porte. En ce moment même, elle était heureuse.

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