vendredi 17 décembre 2010

Just have fun

« Alors comme ça tu es journaliste ?
- Future journaliste, rectifia-t-elle, si tout se passe bien. J’entre en deuxième année d’étude à la rentrée. »

Andrew sirotait son diabolo fraise, les yeux explicitement remplis d’intérêt pour la nouvelle interlocutrice dénommée Télia. Il avait évidemment accepté qu’elle prenne un verre avec nous. Rien de surprenant venant de lui. Hors de question de laisser une demoiselle dehors par un temps pareil… Nous nous étions installés autour d’une petite table ronde depuis quelques minutes et Andrew, qui adorait les nouvelles rencontres, était tout enthousiaste. J’aimais beaucoup le voir comme cela, on aurait dis un enfant tout heureux devant un nouveau jouet. Mais il y a avait bien plus que cela derrière.

« Dis moi Télia, ai-je commencé, tu ne serais pas d’origine américaine ?
- Australienne, corrigea-t-elle, cela se voit tant que ça ? »

Elle avait l’air étonnée, et un peu frustrée par ma remarque. J’aurai peut être du tenir ma langue… A vrai dire ça ne se voyait pas, c’était simplement une intuition. Je ne savais pas comment l’expliquer mais Andrew me sauva d’une réflexion intense en intervenant.

« Really ? Je suis anglais ! »

C’était prévisible. A vrai dire c’est pour cette raison que j’ai soulevée la question. Les deux anglophones affichèrent un sourire complice, et au final, j’étais content du résultat de ma petite remarque. Ils se demandèrent évidemment comment l’un et l’autre avait atterri en France. Télia se lança la première dans des explications.

« Je voyage en Europe pour travailler mes langues. Ici ce n’est pas trop difficile, mon père est français, ensuite je pars en Espagne. Et toi ?
- Eh bien moi je suis venu rendre visite à mon cousin français. »

Il tourna la tête avec moi et nous échangèrent un sourire complice à son mensonge. Cela simplifiait grandement les explications, et puis, ça n’avait pas grande importance.
Nous avons discuté plus d’une heure, jusqu’à ce que la pluie s’arrête à vrai dire. Andrew alternait le français et l’anglais selon son état d’excitation. J’aurai vraiment du le filmer, quand il commençait à raconter une de ses histoires en accélérant le rythme, c’était comique. Puis nous sommes sortis après avoir payé, Andrew ayant sans surprise ajouté un pourboire. Télia avait décidé de nous montrer un parc, avec « un coin plein de magnifiques fleurs », avait-elle ajoutée. Andrew aime la nature, et moi les fleurs, nous avons donc accepté sans aucune hésitation. Pour cela, il fallait prendre le bus. Et nous étions partis pour nous faire remarquer une fois de plus…
Pourquoi ? Simplement, Télia a sorti son MP3, ainsi que l’accessoire pour y brancher deux lots d’écouteurs. Chacun un dans l’oreille, le dernier trainait entre nous trois, debout au milieu du bus. Andrew s’est rapidement emparé de ce qu’il aime appeler la boite a musique et s’est mis à farfouiller dans le répertoire de Télia. Devinez donc sur quoi il est tombé…

« Oh tu as des Disney ! »

Et là j’ai su que ce n’était qu’une question de temps. Le punk rock qui résonnait dans mon oreille droite disparut subitement pour laisser place a un début de musique pseudo orientale… Je ne pu retenir un large sourire en observant Andrew se préparer à chanter et Télia siffloter. Andrew me fixait, c’était sa manière de me faire passer un message relativement simple : tu as intérêt à chanter sinon je serai vexé. Et je vous raconte pas, avoir un Andrew vexé sur les bras… Comment dire… 

« Prince Ali, oui c’est bien lui.. !  »

Très bon départ, tous les trois, bien en cœur. Nous avons chanté comme cela jusqu’à notre arrêt, soit environ quatre chansons et demi. Les gens nous jetaient de drôles d’airs, mais nous n’en avions rien à faire. Trois gamins, enfermés dans une bulle que personne ne pouvait abimer. Quoi de plus fantastique. Nous sommes sortis du bus en chantant, collés, les écouteurs nous interdisant tout mouvement brusque. Je vis le conducteur sourire à notre sortie. Nos chansons avaient peut être réveillé quelques souvenirs d’enfance, qui sait ? Une fois la chanson terminée, nous nous sommes regardés quelques secondes avant d’exploser de rire et de ranger notre attirail musical.
C’est alors qu’un aventurier nous aborda… Euh… Un aventurier ? Bah écoutez, il portait un de ces costumes à l’Indiana Jones avec un énorme sac à dos et un superbe chapeau brun. En plein milieu d'une ville, ça perdait de sa crédibilité. J’avais envie de rire, mais je me suis retenu avec beaucoup d'efforts. Chose très difficile quand on remarquait que Télia tentait la même chose en se mordant la lèvre. Andrew quant à lui semblait en admiration

« Dites les gosses, ça vous dirait une chasse au trésor ? »

Andrew n’a pas attendu notre accord. Il accepta naturellement de jouer le jeu. Indiana Jones semblait satisfaits d’avoir trouvé des personnes motivées

« Parfait ! Bon, je vous explique… »

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